Un pays sans majorité effective ni opposition réelle... - RNV

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Un pays sans majorité effective ni opposition réelle...

Les événements de cette semaine ont mis à nu un paradoxe typiquement tunisien : le pays ne dispose ni d’une majorité effective, ni d’une opposition réelle.
C’est la conséquence d’un système politique hybride mis en place et dit système parlementaire aménagé qui repose sur une loi électorale et un mode de scrutin trop compliqués pour traduire fidèlement la volonté des citoyens votants.

La marche contre le terrorisme organisée dans la capitale samedi fut un exemple de l’échec de l’alliance contre nature entre le Nidaa et Ennahdha. Cette marche organisée par Nidaa a vu la participation des militants d’Ennahdha. Du coup, elle n’a pu rassembler les milliers de Tunisiens eux aussi farouchement opposés au terrorisme mais qui ne se voient pas marcher derrière Ennahdha et Nidaa réunis, du moins pas encore. Jusqu’à quelques mois encore,  ils avaient pris l’habitude de descendre dans la rue pour dénoncer le terrorisme et stigmatiser Ennahdha pour son laxisme envers ce phénomène. Leur demander aujourd’hui de descendre pour dénoncer le même phénomène à coté des militants d’Ennahdha n’est pas mobilisateur ni encourageant. Ils se sont contentés alors de regarder passer la marche, nonchalants et indifférents comme ils l’étaient jadis envers les manifestations organisées par le parti au pouvoir.

Les militants du Nidaa étaient de leur côté aussi mal à l’aise et  indisposés lors de cette marche de se retrouver à coté des militants nahdhaouis. C’est que sur le terrain, ils sont trop différents les uns des autres. Les accords politiques savamment conclus entre les dirigeants des deux partis ne changeront rien à cette réalité du terrain. Ce ne sont que des accords politiques pour permettre au nouveau gouvernement de coalition d’avoir une majorité confortable au sein du parlement sans plus. Sur le terrain, les événements du sud ont montré que cette alliance n’est pas effective. Les dirigeants d’Ennahdha étaient sur place, pas pour défendre le gouvernement mais pour faire cavaliers seuls. L’avenir nous dira si cette coalition est avantageuse pour la paix et la stabilité du pays ou si elle n’a fait que servir les intérêts des politiques et retarder les échéances.

Du côté de l’opposition, les choses ne vont guère mieux. On savait qu’à l’issue des élections législatives l’opposition au sein du nouveau parlement serait faible. On sait maintenant à l’issue des élections des commissions, surtout celle des finances, au sein de l’ARP que l’opposition ne sera pas effective. En effet, un bloc parlementaire opposant s’est constitué à la hâte pour devenir le groupe  parlementaire principal de l’opposition. Visiblement, sa constitution avait pour principal objectif de barrer la route au Front populaire et l’empêcher de décrocher la présidence de la commission des finances. 

Bien sûr que dans le jeu politique, cette manœuvre est légitime et de bonne guerre. Bien sûr aussi que les dirigeants du Front ont très mal manœuvré depuis quelques mois, donnant l’impression d’un groupe politique désuni cherchant à préserver sa cohésion interne par la prise de positions excessives, radicales et improductives. Mais il est clair aussi que ce premier groupe parlementaire de l’opposition, nouvellement constitué a été soutenu et encouragé par Nidaa et Ennahdha pour  le récompenser et punir le Front pour ses positions antérieures notamment lors des négociations autour de la composition du gouvernement.

Le résultat, c’est que les représentants de l’opposition au sein de l’ARP ne représentent pas réellement l’opposition. Le résultat aussi que l’opposition parlementaire qui représente à peine moins de dix pour cent des sièges sera incapable de jouer son rôle ce qui est préjudiciable au projet démocratique mais surtout à la stabilité du pays. Tout porte à croire en effet que l’expression de l’opposition ne se fera pas malheureusement sous l’hémicycle mais ailleurs sur la scène publique et sociale. Ceci est loin des objectifs des dernières élections. Mais c’est un autre paradoxe tunisien.         
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